L'estuaire de la Loire

Les paquebots


Le goût des voyages Normandie France
Queen Mary 2

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Femme et paquebot, Raphaël Delorme Les paquebots sont des ouvrages porteurs de rêves. Ils parlent à notre āme primitive et nomade friande de voyages. Parce qu'elle conjugue plusieurs savoir faire, la réalisation d'un paquebot est comparable à la construction d'une cathédrale.
Parce qu'il concentrait en lui innovations techniques et art décoratif au luxe inouļ, Normandie n'échappait pas à cette règle. Aujourd'hui encore il continue à alimenter nos rêves et tient une place de choix parmi nos mythologies modernes.
France fut le dernier paquebot transatlantique français, le plus long du monde. Son style décoratif épuré se ressent d'une certaine influence fonctionnaliste. Néanmoins il est le témoin d'une époque révolue et il continue à alimenter nos nostalgies.

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Relever des défis...

Début du montage des tôles du fond du navire, 1931 A la fin de l'année 1928, la Compagnie Générale Transatlantique commande aux chantiers de Penhoët de Saint-Nazaire la construction d'un paquebot de trois cent trois mètres de long. Celui-ci doit résoudre un problème précis d'aménagement et doit être plus rapide que son prédécesseur Ile de France. En juillet 1930 la cale de Normandie est mise au point. La commande du paquebot est passée au chantier le 29 octobre de cette même année sous le nom de T6. Le 26 janvier 1931, les premières tôles du T6 sont posées.

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Lancement de Normandie le 29/09/1932 Le défi technologique relevé, un autre défi commence. En juin 1931 la Compagnie Générale Transatlantique atteinte par la crise économique est au bord de la faillite. L'Etat intervient et décide de la renflouer en en prenant le contrôle. Le 29 octobre 1932 le lancement de Normandie aura lieu en présence du Président de la République Albert Lebrun et de son épouse (marraine du paquebot).

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Le 5 mai 1935, Normandie quitte le port de Saint -Nazaire. Les travaux de construction du paquebot se poursuivent. Le 5 mai 1935 Normandie quitte le port de Saint-Nazaire, pour rejoindre le Havre. Le 29 mai, il commence sa traversée inaugurale et arrive à New-York 4 jours et 3 heures après. Grāce à sa proue à bulbe hydrodynamique conçue par Yourkevitch (ancien ingénieur de la marine impériale Russe), grāce à ses moteurs électriques alimentés par des turboalternateurs (réalisés par la société Alsthom à Belfort), il atteint la vitesse de 30 noeuds (55km/h). Il devient ainsi le navire le plus rapide sur l'Atlantique nord et remporte le fameux "ruban bleu", il sera d'ailleurs le seul paquebot français à conquérir ce titre.

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"Le vaisseau de lumière"

Les Vendanges (partie supérieure),  Jean Dunand, 1935. Panneau en laque réalisé pour le fumoir de Normandie. La décoration intérieure de Normandie est confiée aux décorateurs de l'époque. "Avec Expert, Patout, Dupas, Dunand, un art se dessine qui veut faire la synthèse entre l'académisme des années 20 et le fonctionnalisme des années 30."

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Le génie de la mer, Carlo Sarrabezoles, maquette en plātre, pour le paquebot Normandie, 1935 "En fait Normandie, après le style des années 20, avant le style international, affirme l'existence d'un style 35. Son décor se refuse à la fois à l'abondance art-déco et à une trop stricte épuration des formes, à l'abstraction, au jansénisme des matériaux. [...] Son esprit est celui d'une modernité tempérée qui ne veut pas rompre avec l'histoire."

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La salle à manger des premières classes, aquarelle, L'Illustration 1937. " A nos pieds, légèrement en contre-bas, s'étend l'immense salle à manger, une des pièces les plus vastes qu'on ait eu à faire depuis longtemps (90 mètres de long sur 13 de large). Là, MM. Patout et Pacon ont donné pleinement leur mesure. Un dénivellement de plan aux deux extrémités, le caissonnage du plafond rehaussé de trois ors différents, et surtout le rythme des luminaires, pour lesquels ils ont fait appel à Lalique, énormes pots à feu en verre pressé ou longues appliques hautes de cinq mètres jetant leurs feux sur les murs entièrement habillés, par Labouret, de dalle de verre moulé et ciselé, et qui deviennent alors comme ruisselants de lumière: Toutes ces solutions étoffent ce que le plan avait d'obligatoirement allongé et nourrissent pour ainsi dire la féerie."

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Les sports, Jean Dunand, 1935. Panneau en laque réalisé pour le fumoir de Normandie. "Cette qualité dans la facture nous la retrouvons dans les panneaux laqués que M Jean Dunand a composés pour orner le fumoir. Ces panneaux sont des chefs-d'oeuvre de maître artisan. La place me manque pour décrire tous les travaux de sculpture, de laquage, de dorure et d'assemblage qu'ont nécessités ces quatre panneaux représentant les « Jeux et les joies de l'homme », mesurant chacun trente-six mètre carrés et composés tous ensemble de plus de mille éléments séparés."

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Le char de Poséidon, Jean Dupas, mural du grand salon, Verres gravés et colorés. "Un immense panneau coulissant et laqué sur deux faces, d'un côté la Chasse d'après Dunand, de l'autre, le Ciel et l'Eau d'après un carton de Dupas, sert à la fois de séparation et de transition entre ce Fumoir et le Grand Salon que les architectes ont voulu d'une magnificence d'apothéose. A l'or, ils ont ajouté le miroitement de la glace gravée et le chatoiement de la couleur de la tapisserie: les murs de ce salon, haut de dix mètres, sont en effet entièrement recouverts de panneaux de glace gravée, dorée, argentée et peinte représentant des sujets maritimes d'après des cartons de M. Dupas..."

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La dernière traversée...

Triste fin pour Normandie à New-York. Le 2 août 1939, Normandie quitte le Havre pour sa 139° traversée. Le 6 septembre, le paquebot est conservé au port de New-York. Le 16 décembre 1941, il est réquisitionné par les Américains qui désirent le modifier pour transporter les troupes. Suite à l'imprudence d'un soudeur le feu se propage à bord le 10 février 1942. Les pompiers noient le navire sous des milliers de tonnes d'eau, le bateau prend de la gîte puis chavire. " L'espace de sept ans, Normandie prouva que l'action est aussi la soeur du rêve." L'épave sera vendue à un ferrailleur le 3 octobre 1946.

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"En toutes choses les commencements sont difficiles..."

France sur cale, 15 avril 1960. Archives des Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire. Après trois ans et demi de tractations entre la Compagnie Générale Transatlantique, les Chantiers de l'Atlantique et les pouvoirs publics, la lettre de commande de France est signée le 25 juillet 1956, par Jean Marie, président de la Compagnie. En octobre 1957, la première tôle de France est posée, sur la grande cale de Penhoët. France restera sur cette cale jusqu' au 10 mai 1960.

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Un paquebot et un général...

Le baptême de France par Madame de Gaulle. Archives des Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire. Le 11 mai 1960, le lancement de France à lieu en présence du Chef de l'Etat, le Général de Gaulle et de Madame de Gaulle qui a accepté d'être la marraine du paquebot. Du haut de la tribune surplombant la cale, le Général prononce son discours: " La mission de France sera de transporter d'un bord à l'autre de l'Atlantique, des hommes, c'est à dire des activités, des foyers de connaissances et des sources de travail, de l'art et de la richesse. Dans ce vaisseau nous saluons l'une des grandes réussites dont présentement la technique Française fait hommage à la patrie... La cérémonie d'aujourd'hui ajoute à la fierté que nous avons de la France. Et maintenant que France s'achève et s'en aille vers l'océan pour y voguer et pour y servir! "

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Des innovations techniques...

France rentre dans la forme écluse Joubert. Ed. P. Baudry.Coll.part. Le 9 juillet 1960 France passe pour la première fois en cale sèche dans la forme Joubert pour le démontage du ber de lancement, pour la pose du gouvernail et des quatre arbres porte hélices. En mars 1961 les cheminées de France sont achevées dans les ateliers. Par souci de confort et de propreté, ces cheminées sont pourvues d'ailerons qui permettent d'évacuer latéralement les fumées. Elles seront mises en place fin août de la même année.

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Arrivée de France dans le port de New-York 9 février 1962. Photothèque C.G.M. Enfin, du 19 au 22 Novembre 1961, France quitte Saint-Nazaire pour ses essais de puissance et de vitesse. Il atteint la vitesse maximum de 34,13 noeuds à 144 000 chevaux. Le 23 Novembre, il entre dans le port du Havre où il accoste au quai Joannès Couvert. Du 3 au 8 février 1962, il effectuera son voyage inaugural du Havre à New-York en transportant mille neuf cents cinquante-huit passagers.

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"La France sur mer."

France, le grand salon de première classe. Photothèque Compagnie Générale Maritime. La décoration du paquebot est confiée à une équipe qui regroupe des personnalités diverses du monde des arts de l'époque: Guillaume Gillet, architecte, Roger Chapelain Midy, artiste-peintre, Pierre Mazars, critique d'art, M. Royon, architecte conseil de la Compagnie Générale Transatlantique. Dans le grand salon de première classe réalisé par le décorateur M. Old, le passager pouvait admirer deux tapisseries d'Aubusson, l'une d'entre elle réalisée d'après un dessin de Camille Hilaire représentait un sous bois ; elle faisait le pendant avec une autre tapisserie murale, de composition abstraite: "Jardin magique", d'après un dessin de Claude Idoux.

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Le salon de musique de première classe Debussy. Photothèque C.G.M. Beaucoup de paquebots de la compagnie furent détruits par le feu : Lafayette, Paris et Normandie. Pour éviter ces accidents les réglementations de 1960 imposent des contraintes aux décorateurs. L'usage du bois est interdit, pour le remplacer on utilise l'aluminium: panneaux muraux, sièges, meubles. D'autres matériaux ininflammables furent également utilisés: mosaļque et dallage de verre, matières plastiques traités spécialement, du marbre, du bronze, pierres diverses. La beauté et un certain luxe n'étaient pas exclus: Le salon de musique de première classe Debussy (décorateur Dominique) était équipé de panneaux de laque bleue gravée et rehaussée de feuille d'or.

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Le patio provencal. Photothèque C.G.M Les appartements de première classe portaient chacun un nom de province française (rappelé par une oeuvre d'art). Certaines pièces de ces appartements s'ouvraient sur un patio de style provençal situé au centre du pont "sundeck" entre les deux cheminées au profil si typique. Le décor de ce patio fut réalisé par Robert Durocq.

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De France à Norway.

France abandonné, Juillet 1978. Cl. J. Boisteau. France sera ainsi exploité pendant douze ans effectuant trois cent dix-sept traversées transatlantiques et quatre-vingt-treize croisières. Le 19 décembre 1974 France quitte le quai Joannès Couvert pour être amarré et désarmé dans le Canal Maritime du Havre. Il y restera jusqu'à sa vente le 26 juin 1979 à l'armement norvégien Klosters Rederi d'Oslo. Le 19 Août 1979 France rebaptisé Norway quitte le Havre en remorque pour Bremerhaven, il sera transformé en paquebot de croisière.

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Haut de page Queen Mary 2

Queen Mary 2 La Cunard Line a signé en Mars 2000, auprès des Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, une lettre d'intention de commande pour un paquebot transatlantique gigantesque : Queen Mary 2.
Avec 345 mètres de long et une jauge brute d'environ 116 000 tonneaux, Queen Mary 2 sera le plus gros paquebot jamais construit. Il emportera 2800 passagers à la vitesse de 29.5 noeuds et sera servi par 1300 hommes d'équipage.
La propulsion du navire sera assurée par 4 pods (bulbes directionnels qui améliorent la manoeuvrabilité) motorisés par deux turbines à gaz et quatre Diesels totalisant 80 mégawatts de puissance.

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Le tableau ci-dessous compare les caractéristiques de paquebots célèbres construits aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire :
Caractéristiques Normandie France Sovereign Of the Seas Queen Mary 2
Armateur Compagnie Générale Transatlantique Compagnie Générale Transatlantique Royal Caribbean Cruise Line A.S. Cunard Line
Année 1935 1962 1987 2003
Jauge brute (tonneaux) 79 280 66 348 74 000 142 000
Longueur (mètres) 313,8 315,5 268,3 345
Puissance (mégaWatts) 124 119 20 80
Vitesse (Noeuds) 32,2 31 20 29,3
Passagers 1 972 2 044 2 600 2 620

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Dernière mise à jour de cette page : 07/11/2000