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![]() "Devant ce lieu repose l'épave Du transporteur de troupe Lancastria Coulé par l'ennemi le 17 Juin 1940 Alors qu'il procédait à l'embarquement des troupes Britanniques et civiles lors de leur évacuation A la gloire de Dieu A la mémoire de plus de 4 000 personnes Qui ont trouvé la mort, et En commémoration du dévouement désintéressé De la population de Saint-Nazaire Et des communes avoisinantes Qui a sauvé de nombreuses vie, assisté les blessés Et organisé les funérailles chrétiennes des victimes Nous n'avons pas oublié ! " Association H.M.T. Lancastria, 17 Juin 1988 |
En Angleterre, le premier ministre Winston Churchill a réussi à rassembler derrière lui toute la population dans un grand élan patriotique. Pour ne pas atteindre le moral de son pays, il décide d'interdire toute publication sur le sujet, ce qui explique que l'histoire du Lancastria ait été si peu connue.
La région de l'estuaire enfin fut sommes toutes peu touchée, malgré le dévouement des habitants de Saint-Nazaire qui s'illustrèrent dans le sauvetage ainsi que dans l'aide qu'ils procurèrent aux rescapés. Mais les morts venaient d'ailleurs, et la tragédie du Lancastria sombra dans l'oubli par 47,09° de latitude Nord, et 2,20° de longitude Ouest. |
Quant au navire, il se détériore de plus en plus et il encombre les quais du terminal à bois de Cheviré. En septembre 2000, il est mis en vente aux enchères, après avoir été racheté entre temps par un armateur panaméen à la Romline. Vendu à une société de l'île de Man, il est rebaptisé R-Jupiter et passe sous pavillon du Belize, puis sous pavillon bolivien tous deux connus comme pavillons de complaisance notoires. Le bateau doit prendre la mer pour rejoindre un chantier de démolition. L'association écologiste Robin des Bois s'inquiète de l'état du navire qui n'a pas navigué depuis près de 3 ans et se trouve manifestement hors d'état d'appareiller. Une vingtaine d'ouvriers roumains viennent retaper le navire et remettre en marche les machines. Le bateau est ensuite emmené en cale sèche à Saint-Nazaire où il reçoit ses certificats de navigations de la société panaméenne Isthmus Bureau of Shipping. Inspecté par les services de sécurité des Affaires Maritimes, il est déclaré apte à n'effectuer qu'un seul voyage par ses propres moyens, avec un équipage de 20 personnes et sans cargaison.
Vendredi 2 Décembre, à la nuit tombée et sous protection policière interdisant l'accès des quais aux journalistes, le R-Jupiter appareillait en direction du Pakistan.
Et vogue la galère ...
Janvier 1998 | Le cargo roumain Oscar Jupiter, de la compagnie d'état Romline, livre une cargaison de sucre avarié à la raffinerie Béghin-Say de Nantes. Les assurances de Béghin-Say ainsi que d'autres sociétés (notamment pétrolières) demandent à la Romline remboursement des créances. La Romline qui doit au total 1,6 millions de francs, refuse de payer. Le tribunal ordonne la saisie du navire. |
13.01.1998 |
L'Oscar Jupiter est immobilisé à Nantes, amarré au port de Cheviré avec 23 marins à bord.
A partir de cette date, les salaires ne sont plus versés aux marins. |
29.04.1998 |
Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD ) organise une réunion sur le problème des marins abandonnés. Ce colloque donne naissance à la Fédération des Associations d'Accueil de Marins (FAAM).
Les marins de l'Oscar Jupiter sont aidés par des associations caritatives et les collectivités locales. |
Fin Juin 1998 | Les marins de l'Oscar Jupiter, appuyés par l'International Transport workers Federation (ITF) et la CGT, engagent pour leurs salaires une procédure de recouvrement de 700 000 FF impliquant la vente du navire si besoins. |
Eté 1998 | 18 marins sont rapatriés en Roumanie. Pour ce faire, ils ont dû renoncer à une partie de leurs salaires. Seuls le capitaine et 4 marins restent à bord. |
1999 | Le tribunal de Nantes se déclare incompétent pour juger les litiges entre les marins roumains et la Romline. L'affaire sera prise en charge par la cour d'appel de Rennes. |
Février 1999 | Le réseau d'accueil de la Fédération des Associations d'Accueil de Marins s'étend à presque tous les ports français. |
Avril 1999 | 2 marins de l'Oscar Jupiter font une grève de la faim qui durera plus de 12 jours pour réclamer leurs salaires et protester en faveur de leurs collègues rentrés en Roumanie qui n'ont pas touché ce que la Romline leur avait promis. |
28 - 30.04.1999 | Nouveau colloque à Rezé "Navires bloqués, marins abandonnés" réunissant entre autres le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, "Mission de la Mer" et le Centre de Droit Maritime de l'Université de Nantes. |
10.06.1999 | Le gouvernement roumain s'engage auprès de la ville de Nantes à débloquer les fonds nécessaires au rapatriement et au paiement des salaires des marins de l'Oscar Jupiter avant la fin du mois. |
10.09.1999 |
La cour d'appel de Rennes condamne la Romline qui devra payer ses marins.
L'équipage en entier rentre en Roumanie. 2 autres marins roumains viennent assurer le gardiennage du navire. |
Automne 1999 | Le navire est vendu à une société panaméenne. |
08.09.2000 |
L'Oscar Jupiter est mis en vente aux enchères.
Les deux marins du gardiennage se plaignent de ne pas avoir touché entièrement leurs salaires. Le port de Nantes réclame 500 000 FF de frais d'amarrage à la Romline. |
14.09.2000 | L'Oscar Jupiter est vendu 1.4 MF à IGEN Sea Transport Ltd., une compagnie de l'île de Man pour être démoli. |
Début Novembre 2000 |
Le navire, rebaptisé R-Jupiter passe sous pavillon de Belize (pavillon de complaisance). |
17.11.2000 | R-Jupiter passe sous pavillon bolivien (nouveau pavillon de complaisance), moins "strict" que Belize. |
Courant Novembre 2000 |
Une vingtaine d'ouvriers roumains viennent travailler sur le navire à Cheviré pour le remettre en état de prendre la mer. |
Du 20 au 24 Novembre 2000 |
Le R-Jupiter quitte Cheviré pour Saint-Nazaire où il est mis en cale sèche. |
27 et 30.11.2000 |
Le R-Jupiter est inspecté par les services de sécurité des Affaires Maritimes : R-Jupiter est en état de faire un seul voyage par ses propres moyens, sans cargaison, avec un équipage de 20 personnes. |
01.12.2000 |
20h15, le R-Jupiter quitte le port de Saint-Nazaire. Les policiers empêchent les journalistes d'accéder au quai et d'assister à l'appareillage du cargo.
Destination de R-Jupiter : le Pakistan où il devrait être démoli. Mais les écologistes en doutent : d'après l'association Robin des Bois, le navire fera certainement encore du service avec les risques habituels que font courir les navires "sous-normes" à leur équipage et à l'environnement. |
Le droit maritime international veut que tout navire ait une nationalité matérialisée par le pavillon du pays auprès duquel il est immatriculé.
Pour pouvoir être immatriculé, le navire doit respecter des conditions édictées par le pays accordant son pavillon. Ces exigences d'immatriculation couvrent normalement tous les aspects de l'exploitation du navire, c'est à dire son acquisition, son entretien, son état de navigabilité et de sécurité ainsi que l'organisation du travail à son bord (nombre et qualification du personnel navigant, conditions de travail). Seulement certains états n'ont pas la capacité ou la volonté de contrôler que ces exigences sont bien respectées par leurs navires : on parle alors de pavillons de complaisance (ou en Anglais Flags Of Convenience - FOC). Associées bien souvent à des régimes fiscaux intéressants, les faibles exigences de ses états incitent les armateurs à y faire immatriculer leurs navires dans un soucis évident de meilleure rentabilité au détriment de la sécurité des navires, de l'environnement et surtout de leurs équipages. Plus de profit pour les armateurs, mais au prix de quels inconvénients pour les marins :
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En 1999, l'ITF recensait les 27 pavillons de complaisance suivants, liste à laquelle il faudrait ajouter la Bolivie apparue depuis moins d'un an : Antigua-et-Barbuda Antilles néerlandaises Aruba (Pays-Bas) Bahamas Barbade Belize Bermudes (Royaume-Uni) Birmanie Cambodge Chypre Gibraltar (Royaume-Uni) Honduras Iles Canaries (Espagne) Iles Caļmans (Royaume-Uni) Iles Cook (Nouvelle-Zélande) Iles Marshall (Etats-Unis) Liban Liberia Luxembourg Malte Maurice Panama Registre maritime international allemand (GIS) Saint-Vincent Sri Lanka Tuvalu Vanuatu |
Après trois ans passés à Nantes où sa silhouette rouillée était devenue familière, Oscar Jupiter et ses vingt marins affrontent l'Océan, avec ses papiers bien en règle, tout comme avant lui Amoco-Cadiz, Erika et Ievoli-Sun.
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Dernière mise à jour de cette page : 03/12/2000