L'estuaire de la Loire

Nantes, ville portuaire ?



L'imaginaire de la ville maritime Les traces du passé
Sous les vitrines des musées En flanant le long des quais
Nantes se réconcilie avec son fleuve

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Le port de Nantes en 1840 (carte postale) ... est peuplé du bruit des cargos appareillant et des paquebots aux sirènes hurlantes, par des odeurs de calfatage et d'épices, par la silhouette puissante des dockers sous les filets et des marins reprenant contact avec le sol des ruelles. Il est aussi fortement coloré de visions paysagères, celles des grues se découpant sur le ciel, des bassins luisants, des façades de maisons alignées droit sur le port.
Cet imaginaire est nourri pour la plupart des gens des visions d'hier et un peu d'aujourd'hui ; des visions véhiculées par le cinéma, la photographie, le tourisme. La réalité contemporaine et plus encore les actions engagées qui visent demain, ont plus de difficultés à se frayer une place dans les subconscients nostalgiques.

Le porte-conteneurs Douce France au terminal de Montoir Pourtant l'enjeu d'aujourd'hui qui conditionne si fort la culture de demain c'est bien d'apprivoiser, de réunir à l'existant, d'harmoniser les procédés et les techniques les plus récents. Déjà, des modes de gestion de la marchandise qui semblaient il y a quelques années dépourvues de toute référence, presque de toute humanité, entrent dans la représentation de la ville portuaire.
Ainsi en est-il des conteneurs et des "aires" où ils sont entreposés dont on sait aujourd'hui, grāce toujours aux photographes et aux cinéastes, décrypter le sens et partant en extraire la poétique. Au paysage vertical des grues s'associe dans l'identité portuaire la verticalité des "boites" alignées, empilées, colorées, hermétique contenant de richesses dont plus rien n'apparaît, corespondants matériels des réalités virtuelles de l'ordinateur, illustration de l'univers numérique."

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Les grues à ferraille du quai Wilson En ce promenant dans les rues de la ville, de nombreux indices encore en place nous rappellent que, sans aucun doute, Nantes était jadis une grande ville portuaire. Les noms des rues et des quartiers témoignent qu'autrefois la Loire baignait la ville lui valant son surnom mérité de "Venise de l'ouest" : la "Rue des Cap-Horniers", le "Chemin des Bateliers"... Les activités maritimes ou fluviales faisaient vibrer la ville au rythme de son port. D'ailleurs, entre la Loire et l'Océan, lequel des deux prédominait ? Il semblerait que la Loire aurait naturellement fait de Nantes un port fluvial, alors que les hommes voulurent à tout prix en faire un port maritime. Creusement de chenaux, de canaux, aménagement de sections endiguées, tout a été fait pour permettre aux grands navires de remonter jusqu'au coeur de la ville. Avec comme ultime paradoxe la destruction de son caractère. La remontée du bassin de marée jusqu'à la ville détruisit progressivement les quais et les ponts, entraînant la nécessité de combler les multiples bras et boires qui faisaient son charme.

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La grue Titan sur l'emplacement des anciens Chantiers Dubigeon Les grands navires remontaient jusqu'à Nantes, mais surtout, ils y venaient au monde. La ville a toujours abrité des chantiers navals qui donnèrent naissance à quelques navires illustres, comme "La Boudeuse" de Bougainville, la frégate "La Méduse" au radeau si tristement célèbre, le "Belem" construit en 1896 et revenu à son port natal 100 ans plus tard, le sous-marin "La Minerve" tragiquement disparu au large de Toulon en 1968.
En 1950, la construction navale employait directement près de 7 000 personnes réparties entre 3 chantiers principaux : ACB, Dubigeon et les Ateliers et Chantiers de la Loire. Jusqu'au dernier navire lancé à Nantes, le "Bougainville" en 1986, la foule venait s'amasser sur les quais pour assister à l'événement. Maintenant, les ateliers sont fermés, abandonnés ou reconvertis, comme l'ancien bātiment de la direction des chantiers Dubigeon utilisé par l'Université de Nantes.

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Le bar Le Remorqueur, sur le canal Saint-Félix Mais où se trouve maintenant le caractère portuaire de la ville ? Essentiellement dans les souvenirs et les commémorations. Après avoir voulu se débarrasser de son port et de sa Loire trop envahissante à son goût, la ville se berce maintenant dans une nostalgie culturelle fluviale et maritime. Sous ses vitrines, le musée des Salorges au chāteau nous offre ses maquettes de bateaux et ses figures de proue. Le retour du Belem en automne est fêté dans un folklore de muscadet, de chants de marins et de sardines grillées. En 1992, l'exposition "Les anneaux de la mémoire" permit de retracer (d'expier ?) le passé négrier de la ville, quand les bateaux spécialement aménagés quittaient la Loire pour le commerce triangulaire qui fit les fortunes Nantaises du XVIIIème siècle. En 1992 encore, la compagnie théātrale Royal de Luxe affrétait un cargo pour montrer par delà les mers la vie d'une rue Nantaise. Nantes n'a jamais été un port militaire, mais l'escorteur Maillé-Brézé permet maintenant au Nantais d'aujourd'hui de poser le pied sur le pont d'un navire de guerre, ne serait-ce que le temps d'une visite.

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La navale ancrée  à Nantes, Nantes ancrée à sa Navale Les grandes manifestations ouvrières qui tentèrent de s'opposer à la fermeture des chantiers navals au début des années 80 utilisèrent comme symbolde de leur lutte une sculpture métallique représentant un navire, avec cette devise : "La Navale ancrée à Nantes, Nantes ancrée à sa Navale". Devise qui répondait comme un curieux écho à celle de la ville " Neptunus Eunti Favet"" (Neptune favorise ceux qui s'en vont).

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Les chantiers navals amateurs dans les anciennes cales Pourtant, en cherchant bien, et si on prend le temps de découvrir les lieux oubliés des Offices du Tourisme, on peut heureusement trouver des endroits authentiquement empreints d'un esprit portuaire pas encore fossilisé. Il suffit pour celà de traverser le pont Anne de Bretagne et de s'aventurer sur l'emplacement des anciens chantiers navals. Les cales sont toujours là, mais ne sont pas désertes, loin de là. Des bateaux s'y trouvent encore, en construction, en restauration, certes moins gros que ceux du temps de la gloire de la Navale, mais les sifflements et les bruits des outils des passionnés qui y travaillent font revivre le week-end une authentique ambiance portuaire.

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En poursuivant le long du quai des Antilles (et oui !), le promeneur atteint la pointe Ouest de l'Ile de Nantes. Devant, les deux bras de la Loire se réunissent juste avant Trentemoult. Un escalier descend sur un petit quai en contre-bas, souvent occupé par des pêcheurs à la ligne. Les marches disparaissent dans l'eau qui clapote. A marée haute, on peut toucher la Loire de la main. Le soir au même endroit, les feux des balises de navigation s'allument, vert côté Rezé, rouge côté Nantes.

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Navire et grue-portique  sur  le quai Wilson Un peu plus loin encore, en revenant vers l'Est, les grues du quai Wilson pointent leurs flèches vers le ciel. Les tas de ferraille ont disparu, mais les navires s'arrêtent toujours pour l'entreprise Chaillou qui traite les métaux. Les bobines de tôle s'alignent sur le quai attendant qu'un navire passe pour les enlever. Les bateaux s'amarrent, des marins débarquent et traversent l'Ile pour gagner la ville, noyés et anonymes parmi les badauds et les gens pressés. Quelquefois même, des paquebots de touristes font escale sur ce quai, égayé alors pour quelques heures par l'association "Accueil des Paquebots" qui organise une aubade donnée par un bagad local.

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Si d'aventure une nuit de février on se trouve à pieds sur l'un des ponts du bras de Pirmil, on peut toujours assister au spectacle de la pêche à la civelle et voir les petits bateaux et leurs lumières blanches, rouges et vertes remonter la Loire dans le bourdonnement de leurs moteurs.
Pour entrer en contact avec la Loire à Nantes, il faut en prendre le temps, marcher à pied le long du fleuve qui se cache derrière les voies sur berges et les friches industrielles. Comment sentir le caractère d'une ville en voiture ?

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Le port de plaisance du canal Saint-Félix Pourtant qui irait maintenant se promener sur des quais où trop souvent il ne se passe rien ? Assurément pas grand monde. Mais n'ayant jamais vraiment perdu son āme marine, Nantes réveille ses nageoires et se donne maintenant les moyens de se jeter à l'eau. Certes les exigences financières n'ont pas permis de remettre en eau l'île Feydeau, mais les projets d'aménagement de la ville se tournent résolument vers le fleuve, son estuaire et l'océan.
L'aménagement de l'Ile de Nantes prévoit deux bassins à flot, l'un à tendance fluviale sera ouvert à l'emplacement du Tripode, sur le côté Est de l'Ile. L'autre, plus orienté vers la mer, sera creusé du coté de la pointe Ouest.

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Immeuble sur l'emplacement des anciennes usines LU Le quartier du canal Saint-Félix, là ou s'élevait jadis les usines LU, est déjà très tourné vers le fleuve et l'océan. Il suffit pour s'en persuader de longer les quais du côté de la gare Sud et d'admirer les bateaux amarrés au port de plaisance. De l'autre côté, des nouveaux immeubles sont construits dans un style qui n'est pas sans rappeler celui des paquebots.
Le confluent de la Sèvre et du fleuve sera également bientôt mis en valeur pour révéler la particularité de ce site. Barricadé derrière des friches, qui sait aujourd'hui comment y accéder ?

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Construction d'une passerelle piétonne entre le centre ville et l'île Sur l'Ile de Nantes, le nouveau palais de justice regarde vers le fleuve, et bientôt, une passerelle piétonne aujourd'hui en construction, permettra de relier l'île au centre ville, et de passer, à pied et sur un pont à échelle humaine, juste au dessus de la Loire.
Tout semble fait en ce moment par la ville pour redonner sa place au fleuve qui lui a donné naissance. Gageons que dans moins de dix ans, on pourra suggérer à la fin d'un repas "Tiens, et si on allait faire un tour sur le port ?".

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Dernière mise à jour de cette page : 17/10/2000